█ Thought I had so much to say

Rare sont ceux sur qui on peut totalement compter, sans arrière pensée et sans regret, ceux que l’on sait qu’ils ne nous décevront pas… ou s’ils le font, il s’agit d’un fait tellement incongru qu’on arrive plus aisément à leur pardonner, parce qu’ils doivent avoir une bonne raison – à moins d’en être au contraire profondément blessée, parce qu’on la croyait indéfectible. Vous savez, le genre de personne à qui on donnerait notre cœur et on saurait sans l’ombre d’un doute, qu’en revenant le chercher le soir ou le lendemain, il serait intact, sans une fêlure. Mais il est bien difficile de savoir qui sont ces personnes, et Amelia pouvait facilement les compter sur le bout de ses doigts… en fait, n’aurait-elle pas eu de doigts, qu’elle aurait quand même pu les compter : zéro. Elle savait comment les potins pouvaient se propager dans une école et répandre son doux poison… et quand le poison avait été combattu après de longues heures d’acharnement, elle savait que les dégâts qu’il avait provoqués au cerveau des pauvres victimes étaient irréversible. C’était dommage. Si elle-même c’était, un beau jour, laisser prendre au jeu, c’était parce qu’elle avait découvert comment répondre aux potins : en en propageant de plus croustillants… parfois des mensonges, des choses incongrues, rien de plus, sortit de sa tête d’adolescente… une bombe lâchée dans l’école… un jeu comme un autre, car elle avait apprit à surfer sur cette vague. Mais Amelia avait rapidement comprit que ceux qui se laissaient prendre au jeu du commérage, qui se faisait stupidement engloutir par les sables mouvants des potins, ne valait guère d’avoir une place privilégiée à ses côtés sur les bancs de l’école.

Zéro, le chiffre était peut-être exagéré. Amelia avait toujours su qu’elle pouvait s’ouvrir à ses amies, comme elle avait passé des temps agréables avec ces dernières. Mais il est des choses qui ne se disent pas, et Amy n’est pas une jeune personne qui a de la facilité à parler de ses véritables sentiments. Les psychologues auraient sûrement une belle théorie à lui fournir sur le sujet : vivant avec son père, homme peu loquace, et en l’absence d’un modèle féminin, il est possible qu’elle se soit calquer sur le modèle qui s’était présenté à elle. Et quel beau modèle s’était-là : un homme qui était souvent absent pour son travail, pour ramener plein d’argent à la maison. Cela n’avait fait aucun pli à Amelia ; elle avait l’habitude et en était désensibilisée. Elle avait ainsi apprit à se débrouiller seule. En contre partie, elle avait tant de liberté, que lorsque son père revenait d’un voyage d’affaire (cela arrivait tellement souvent, qu’elle se mettait à penser qu’il devait faire bien d’autre chose), elle se sentait brimée, parce qu’il ne semblait pas remarquer comme sa petite fille grandissait. La jeune femme avait hérité de la tête de mule de son père, mais elle retenait de sa mère son côté de libre insouciance. De fait, il arrivait qu’ils se prennent la tête pour des broutilles.

Cependant, tous les ans, Amelia revenait aux sources : Mount Pleasant. Sa mère était née là, et Amelia y avait passé ces années de jeunesses insouciantes. Lorsque ses parents avaient rompu, sa mère n’avait pas obtenu la garde. C’était chose rare, mais il y avait une bonne raison à cela : sa mère avait été jugé trop irresponsable pour s’occuper d’elle (ce qui était vrai). Puis, sa mère mourut d’un accident de voiture, et il n’y eut plus de raison pour elle de retourner a Mount Pleasant durant l'été. Mais les choses sont ce qu’elles sont, rien n’arrive pour rien, et le destin avait sûrement voulu qu’elle y retourne encore au moins une fois, car il la poussa, quelques années plus tard, dans les bras d’un train. Ce qui l’avait poussée à y retourner n’appartenait qu’à elle, tout comme ce qu’elle laissait derrière elle avec joie et appréhension. Sa cousine – du côté de sa mère - habitait toujours là, elle l’attendait les bras ouvert alors, quelles que soient les véritables raisons de son retour, au moins elles permettraient de renoué avec cette vie qu’elle avait laissée derrière elle pour vivre une autre vie à Denver.

Juliet Davis a écrit:

Je n'ai jamais regardé un épisode, shame on me