enjoy the silence

Une belle journée commence à Mount Pleasant. Les oiseaux chantonnent dehors, je peux les entendre distinctement, le soleil illumine Meadows Bellvue et le bruit du sécateur de Monsieur Champey raisonne également. Toutes ces petites choses constituent mon environnement. Une vie sereine et heureuse qui s'est récemment transformé en un cauchemar permanent. Nous sommes le lendemain du Gala de Charité de Madame Vinson, par chance j'ai pu rentrer à la maison directement après qu'on m'est recousu ma blessure. Cependant, d'autres n'ont pas eu cette chance et Althéa Handerson a passé une nuit bien sombre à l'hôpital de Mount Pleasant. En effet, mon amie a été plus touchée par le mystérieux assassin. Quant à Dale, le jeune adolescent qui a souhaité nous porter secours, il reste le plus amoché des victimes. Comment peut-on en arriver à de telles extrémités ? Je l'ignore ... Hélas, nous allons devoir apprendre à vivre avec ce traumatisme, certains parviendront à aller de l'avant, d'autres sombreront. Les prochains jours en seront décisifs. Quoi qu'il en soit, mes projets pour aujourd'hui sont simples : je compte naturellement rendre visite à Althéa. Au fil des semaines, elle n'était plus une simple collègue de travail, elle était devenue une véritable amie. Je ne sais pas dans quel état se trouve Miss Handerson, mais je compte bien m'assurer qu'elle se porte le mieux possible dans une pareille situation. J'attrape les clefs, posés comme chaque jour sur le bahut du salon et je sors de ma maison. Je suis éblouis par cette lumière étincelante qui me rappelle que l'été est désormais la. Devant moi, se déroule une comédie sans fin que j'appelle la vie. Alors que Madame James sort les poubelles dans le simple but d'apercevoir le nouveau voisin qui l'a fait craquer, Monsieur Montgomery fait son jogging torse nu. Je salue avec un signe de la main quelques voisins et je monte dans ma voiture.

Après quelques minutes, j'arrive à destination. Je me gare à l'intérieur du parking principal et gagne rapidement le hall de l'hôpital de Mount Pleasant. M'approchant de l'accueil, je demande poliment « excusez-moi. Je souhaiterais avoir le numéro de chambre de Mademoiselle Handerson, s'il vous plait » Une secrétaire d'âge mur pianote sur le clavier de son ordinateur, tout de suite on peut remarquer que l'informatique n'est pas sa tasse de thé. Mais c'est avec un grand sourire qu'elle me répond que mon amie se situe au second étage en chambre 2101. Empoignant ma pochette qui fait office de sac à main, je me dirige vers l'ascenseur. Mes cheveux ondulés tombent sur mes épaules et le bruit de mes talons raisonnent dans l'enceinte de l'établissement. Me voilà arrivé devant la chambre en question, je respire, toque et ouvre la pote. J'ai bien évidemment apporter un petit bouquet de fleur, acheté à la va vite avant d'arriver. En entrant, j'annonce « bonjour miss Handerson. »

  «  Althéa, je t'apporte ton petit déjeuné. » L'espace d'un instant, je crus entendre la voix de ma tante prononcer ces quelques mots. Mais, en me réveillant lentement dans mon lit d'hôpital, je compris que ce cauchemar n'en n'était pas un. Ma nuit avait été courte et rude, habitée par la douleur de cette énorme griffure dans mon dos, j'avais réussi à trouver le sommeil aux aurores. La morphine aidant, à mon entrée j'avais été immédiatement prise en charge aux urgences et les nombreuses doses d'alcaloïdes que l'on m'avait injectées avaient suffit à me calmer en quelques secondes. Néanmoins, à mon réveil je me sentis courbaturée, complètement épuisée physiquement et mentalement parlant. Le choc avait été âpre et j'avais à peine quelques souvenirs de ce qui m'était arrivée la nuit précédente. Essayant de m'étirer, je dus retenir un cris de douleur. L'infirmière m'aiguilla rapidement en m'expliquant ce qui c'était passé tout en remettant mon coussin en place. Un pansement énorme recouvrait ma blessure. Près de trente-deux points parcouraient mon épaule jusqu'à mon dos, un calvaire. Heureusement, d'après elle, la cicatrice était très belle et deviendrai presque invisible. Georgia me présenta alors le plateau sur une tablette roulante mise à ma disposition. Reliée à un cathéter et à une petite pince contrôlant mon rythme cardiaque, j'eus du mal à attraper ma tasse de café. Soufflant, j'avais cruellement envie de tout arracher et de m'en aller bien que j'étais certaine de tomber quelques pas plus loin.

Je mis un long moment à avaler mon petit déjeuné tout en zieutant un peu la télévision. Peu de temps après, une aide soignante m'informa qu'il était temps de faire ma toilette. C'était profondément humiliant de partager ma salle de bain avec une jeune inconnue et je comprenais petit à petit l'état d'esprit de certains patients. Cependant, je ne pouvais pas me permettre de prendre ma douche toute seule sous peine de me faire d'autant plus mal. Enlevant enfin cette monstrueuse blouse bleu en papier, je pus me débarbouiller rapidement et reprendre le chemin de mon lit. Bien que fatiguée, ces quelques pas m'avaient fait le plus grand bien. J'enfilai alors une chemise de nuit blanche afin de paraître plus présentable pour ensuite me recoucher rapidement. Les minutes étaient longues, interminables et je priais secrètement pour avoir une petite visite histoire de me distraire et de penser à autre chose qu'à ce macabre gala. Il faut croire que mes prières furent exhaussées puisque j'entendis alors deux coup à la porte. Déviant mon regard vers l'entrée, je reconnus immédiatement la chevelure brune de Juliet. Ma collègue -non, mon amie- de travail avait elle aussi été une victime la veille mais ses écorchures semblaient plus bénignes.   «  Salut... Jolie tenue. » lançai-je d'un air ironique, un petit sourire aux lèvres. En effet, la nuit dernière, se fut à peu près les premiers et derniers mots que je pus lui adresser avant de me faire agresser. Je me redressai alors doucement en esquissant une petite grimace sentant la douleur engourdir mon épaule.   «  Je suis vraiment contente de te voir là. Comment ça va ? » lui demandai-je en désignant son pansement du regard. Je vins alors serrer brièvement Juliet dans mes bras. Sa présence me faisait, sans aucun doute, le plus grand bien.

enjoy the silence

« Salut... Jolie tenue. » C'était la dernière phrase qu'Althéa avait prononcé avant l'accident. Je la regarde un instant, de violentes images de la nuit dernière agresse mon esprit. Je m'approche lentement d'elle pour me jeter dans ses bras, le regard humide, je sèche une larme en toute discrétion. Althéa semble fatiguée autant sur le plan physique que morale, son visage est légèrement enflé et ses paupières tombent. Une fois que notre étreinte se termine, elle me répond « je suis vraiment contente de te voir là. Comment ça va ? » Je peux ainsi constater qu'elle jette une bref coup d'oeil à mon pansement. Une blessure ridicule à coté d'elle. Je lui dis tout en visitant sa chambre, marcher me fait du bien et m'aide à me détendre « disons que je ne suis pas clouée dans un lit d'hôpital. Je n'ai pas à me plaindre. Comment tu te sens ? » lui demandai-je avec un air concerné. Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à la nuit précédente, sa silhouette ne cesse de me hanter et j'ai l'impression qu'il est partout. FLASHBACK. Lorsque j'ai pénétré dans l'enceinte de ma maison, hier soir. Je ne réalisais pas ce qu'il venait de se jouait devant mes yeux. Un meurtre, deux blessés. Il était au alentour d'une heure du matin, la police m'avait interrogé pendant de très longues minutes que j'avais trouvé interminable. Je suis arrivée devant le miroir de la salle de bain et j'ai littéralement fondu en larme. Je ne pouvais plus m'arrêter, c'était une spirale infernale. La panique, la frustration, la tristesse et la solitude me consumait totalement. Je suis tombée pour m'asseoir contre le mur de la salle de bain en continuant de pleurer. Après ces douloureuses minutes, je suis finalement descendue à la salle à manger ou une enveloppe était correctement posée sur celle-ci. Elle était comme toutes les autres, papier blanc et une écriture noire ou mon prénom et nom y figuraient. J'ai senti le désespoir s'abattre de nouveau sur mon essence. Une simple phrase, des mots clairs et précis : 'Comment va ton bras ? '. FIN FLASHBACK.

Quelqu'un était au courant, certes, mais il semblerait que cette personne, ce monstre soit l'agresseur du gala de Charité. Mais pourquoi Althéa ? Pourquoi Dale ? Ils n'étaient pas présent ce soir-là. Je pose un regard fuyant sur l'épaule d'Althéa et je vins m'asseoir sur une chaise que je rapproche du lit de mon amie. Enfin, je lui tiens la main en guise de soutien morale. J'ai finalement compris que la peur, cela se développe comme n'importe quelle autre sensation. C'est certainement le but principale du maître chanteur, que la peur nous dévore. Il pourra ensuite faire de nous ses marionnettes.

 Par chance, je n'avais jamais été le genre de fille peureuse, à l’affût du moindre danger. Même pendant mes sombres années, ce sentiment n'avait jamais imbibé mon corps pour ne plus jamais en sortir. Cependant, depuis la nuit dernière, de nouvelles perspectives s'imposaient à moi inéluctablement. Lorsque la police avait retrouvé le cadavre de cette jeune fille dans les bois, je ne m'étais pas alarmée : étudiante en médecine, j'étais en quelque sorte habituée à recevoir de telles nouvelles. Certes, je ne travaillais pas encore à proprement dit mais mes précédents stages m'avaient fait comprendre que la mort tapait à notre porte sans même crier garde. Maintenant que j'avais été touché à mon tour par cet assassin -car oui, il ne fallait pas se leurrer, les deux meurtres étaient forcément liés d'une manière ou d'une autre- je jetai désormais un œil hagard autour de moi constamment. Pourtant, j'étais normalement dans un lieu sûr mais mon agression m'avait rendue méfiante, je pouvais m'attendre à tout et à n'importe quel moment de la journée. Par le passé, je m'étais forgée une carapace et, même si elle fut légèrement heurtée lors du gala de charité, je ne comptais pas laisser la peur rythmer mon quotidien. C'était hors de question.

La visite de Juliet eut le don d'égayer ma journée en quelques secondes. Inconsciemment, nous étions devenues d'autant plus proches depuis notre fameuse rencontre au Blaine's Coffee. Nous étions bien plus que de simples collègues de travail et je fus réellement touchée de la voir ici, à mes côtés. L'émotion me submergeant, je la pris rapidement dans mes bras, notre étreinte étant bien plus forte que de simples mots. J'esquissais un petit sourire amusé à sa remarque et je lui répondis une fois qu'elle fut assise :   «  Ça peut aller. Beaucoup mieux que hier soir dans tous les cas. Je me sens juste courbaturée mais sinon, je me porte comme un charme » Optimiste. Voilà l'adjectif qui définissait parfaitement ma personne. Serrant la main de Juliet, je me mis à la regarder plus sérieusement.   «  Et Dale alors... Tu as des nouvelles ? » Mordillant ma lèvre inférieure, je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable : l'adolescent avait voulu nous aider et je me doutais bien qu'à l'heure actuelle, il devait être en piteux état à cause de sa bravoure. C'était le genre de chose qui me mettait hors de moi. Je pris alors la petite télécommande accroché à mon lit afin de relever mon dossier. Petit à petit, je fis fasse au petit miroir qui était suspendu au mur, juste devant moi.   «  Juliet, dis moi que tu as un mascara ou quelque chose dans ton sac parce que la... non, non je ne peux pas rester comme ça. » Je trouvais ma mine affreuse, terreuse et fatiguée -ce qui était normal. Non pas que j'attendais de la visite pour me mettre sur mon trente-et-un mais, sait-on jamais, je ne voulais pas effrayer mes proches.

enjoy the silence

« Ça peut aller. Beaucoup mieux que hier soir dans tous les cas. Je me sens juste courbaturée mais sinon, je me porte comme un charme » Elle était optimiste, c'était indéniable mais j'aimais cette facette de sa personnalité. Je l'étais beaucoup moins, non j'étais plutôt du genre réalise. Inutile de se faire des films, de se dire que tout ira bien, que les choses s'arrangeront. Rien ne sera plus comme avant et nous devons tous nous préparer à cette éventualité. Quelqu'un est dehors, à nous épier, à nous surveiller. J'avais la chance de bénéficier d'une grande détermination et d'une force inaltérable. Deux qualités qui me serviraient à traquer cet assassin. Il savait ce qu'Austin et moi avions fait, et il ne restait qu'une solution : le retrouver. Après tout, il était dangereux, il pouvait tuer avec facilité et les autorités ne semblaient pas le déranger. Par ailleurs, il n'hésitait pas à me terroriser avec ces mystérieuses lettres ... Je ne pouvais pas aller voir la police au risque d'envoyer mes amis en prison ainsi que moi-même, j'étais ainsi seule avec Austin dans ce combat sans merci. Je m'étais interdite de craquer comme la nuit dernière, cette faiblesse ne devait plus se reproduire. Parallèlement il y avait Adrian qui se montrait très entreprenant, il nourrissait une ambition dévorante de découvrir ce que je cachais. Nous n'étions plus ensemble à cause de mes mensonges et de son infidélité. L'un avait entrainé l'autre, j'en avais conscience. Combien de fois je l'avais repoussé, je m'étais énervé, c'était de mon entière responsabilité ce qu'ils nous arrivaient. Un petit sourire se dessina peu à peu sur mon visage, bien avant que je lui réponde « Oui ... Tu as très bonne mine. Hum, non je te respecte trop pour te mentir miss Handerson. Tu ressembles à un hérisson écrasé sur une route et cette coiffure c'est ... Enfin voilà » J'étais très taquine avec mes proches, parfois même blessante, mais il fallait apprivoiser ce coté moqueur de ma personnalité pour s'en accommoder. Ainsi, Althéa me lança un regard plus sérieux et je devinais que la conversation dérouterait vers un sujet plus délicat. « Et Dale alors... Tu as des nouvelles ? » annonça-t-elle. Je baissais la tête, le regard fuyant. Oui, j'éprouvais des remords, de la culpabilité à l'égard de l'adolescent. Je prenais un ton sérieux et particulièrement compatissant « non aucune. ». Althéa attrapa la petite télécommande qui permettait de monter ou descendre le dossier du lit. Elle fit ainsi face à son reflet et m'annonça « juliet, dis moi que tu as un mascara ou quelque chose dans ton sac parce que la... non, non je ne peux pas rester comme ça. » Je rigolais. Il fallait faire preuve d'honnêteté, elle n'était vraiment pas à son avantage. Je lui répondis avec un sourire mesquin « J'ai toujours du maquillage pour les situations d'urgence et la c'est pire qu'une situation d'urgence. » Annonçai-je avec ironie. Une certaine complicité naissait entre nous et je pouvais m'en réjouir un peu plus chaque jour. Du rouge à lèvre, du mascara ... De véritables armes de beauté digne d'une princesse guerrière

Je retrouvais petit à petit un semblant de normalité. Grâce à Juliet, mon esprit n'était pas obnubilé par ce terrible accident qui nous était arrivé la veille, je m'interdisais d'y repenser bien que, faute de grive, il était non seulement ancré dans ma mémoire mais également sur mon corps. J'essayais tant bien que mal de ne pas m'enrouler dans une bulle et de continuer ma vie telle que je l'avais laissée. Bien sur, les récents événements à Mount Pleasant m'empêchaient de tourner réellement la page, je me demandais si cette fameuse lettre anonyme que j'avais reçu quelques jours plus tôt n'y était pas pour quelque chose. Une phrase, une toute petite phrase qui avait eu le don de perturber et d'assombrir ma journée. Heureusement, depuis que j'avais brûlé ce morceau de papier au fin fond de ma cheminée, je n'avais plus eu de nouvelles. Seulement, je ne pouvais le nier : quelqu'un connaissait une partie de mon passé, comment l'ignorer ? Je me demandais encore comment c'était possible, moi qui avait caché minutieusement toute trace de ma vie d'antan. Cependant, le remarque de Juliet me fit automatiquement rire.   « Voilà pourquoi je t'adore. Non plus sérieusement, tu as totalement raison... Mais prendre une douche avec une inconnue qui a deux mains gauches c'est pas génial donc j'ai essayé d'écourter le moment. » J'aurais préféré que ma tante me fasse ma toilette mais, malheureusement, ce n'était pas possible en ce moment. Peu à peu, notre conversation dériva vers un sujet un peu plus sensible que ma tignasse : Dale. Il avait fait preuve de beaucoup courage avant de se faire sauvagement assommer par cet assassin. J'espérais pouvoir le voir dans les couloirs de l'hôpital d'ici peu, quitte à parcourir les étages un à un afin de m'assurer que tout allait bien pour lui. Grimaçant, je redressai alors le dossier de mon lit et j'eus droit à mon reflet comme cadeau maléfique. J'avais une mine affreuse. Heureusement, Juliet semblait avoir tout l'attirail qu'il fallait dans son sac et, alors que je voulus lui répondre, une stagiaire entra. Je la connaissais bien, nous avions passé notre première année de médecine ensemble.   «  Bonjour. Je t'apporte tes cachets, tu dois les prendre une demi-heure avant ton repas et... Je ne te dis pas comment je le sais mais tu vas avoir de la visite.  » me lança-t-elle d'un ton malicieux que je ne pus méjuger.   «  Quoi ? Qui ça ?  » A la voir, cela semblait être un événement fou, une visite de la plus haute importance. Barack Obama peut-être ?   « Tu verras... » dit-elle pour mieux me laisser sur ma faim en sortant de ma chambre. Je regardai alors Juliet d'un air interloqué.   « D'accord, alors là je pense que le ravalement de façade est plus que nécessaire. » Amusée par cette petite devinette, je me levai de mon lit tout en me tenant au mur afin de me diriger vers ma salle de bain en toute sécurité. Laissant la porte ouverte, je me tenais au lavabo lorsque je vis à nouveau mon reflet mais cette fois-ci, en grandeur nature.   « Bon sang je suis hideuse. Tu peux m'aider Juliet ? »

« Oui, officier Hampton. Le rendez-vous est noté. Je passerai au commissariat d'ici vendredi. Merci beaucoup, bonne journée à vous aussi. » Noam raccrocha le téléphone de son bureau. Dans un soupir, il laissa retomber sa tête sur le dossier de son fauteuil avant de se frotter le visage de ses deux mains. Mount Pleasant était en pleine ébullition. L'accident du Brittanion Hôtel avait aussitôt fait tout le tour de la ville et quelques collègues s'étaient pressés jusqu'à lui pour lui demander des détails quant à cette mystérieuse attaque de l'inconnu. Réelle inquiétude ou curiosité avide, le médecin ne devait pas réfléchir plus longtemps pour savoir quelle motivation animait toutes ces questions. Seule Ginger était à ses petits soins depuis son retour et l'appel que lui avait passé le Capitaine Hampton l'avait sauvé d'une énième discussion avec l'infirmière en chef. Il était convoqué d'ici la fin de la semaine au commissariat afin de raconter sa version des faits. On avait eu la décence de le laisser rentrer chez lui ce soir-là ou plutôt au petit matin mais Noam sentait qu'il aurait besoin de bien plus de temps pour s'en remettre. La vue d'autant de sang et d'autant de chair abîmée n'était pas pour le dégoûter sinon de la cruauté de l'agresseur. Toute la police était usr le coup et il n'avait pas aperçu Terry depuis l'événement. Il allait en avoir des longues journées. Avant de commencer son service à l'hôpital, il avait tenu à rendre visite à Dale qui était encore dans un état préoccupant. Si ses jours n'étaient plus en danger, il aurait très certainement une vilaine cicatrice pour jouer les héros auprès de ses camarades.

Durant toute la matinée, Noam avait tenté tant bien que mal de se concentrer. Il fallait reprendre le cours des choses. Par chance, il avait été présent à la soirée, il avait pu prodiguer les premiers soins aux blessés et constater l'assassinat d'un habitant de Mount Pleasant. Le quartier était en émoi et il redoutait de plus en plus son retour à la maison. Avery avait sans doute des échos dans sa propre école et c'était un garçon anxieux et effrayé qu'il allait retrouver ce soir-là. Quand il eut raccroché le combiné, il rassembla finalement ses dossiers. Il n'y tenait plus, il devait aller la voir. En plus de Dale, deux jeunes femmes avaient été les victimes de ce monstre et s'il était parvenu à apaiser l'état de l'une, l'autre avait été internée jusqu'à son bon rétablissement. Noam se redressa de son siège et ouvrit la porte pour interpeller le premier interne qu'il croisa. « C'est votre jour de chance, vous avez le droit à l'expression. Prenez trois de vos camarades pas trop empotés et allez dans la salle de réunion. Je veux que vous planchiez sur ce cas et à mon retour, je veux une hypothèse chacun. La moins stupide aura le droit de passer la semaine avec moi sur ce patient. » Il tendit la pochette à l'interne qui s'empressa d'aller prévenir ses acolytes. Une telle faveur, bien que déclarée sur son ton légendaire autoritaire, ne se refusait pas. Noam empoigna les clefs de son bureau puis verrouilla la porte derrière lui. Il laissa tomber le trousseau dans la poche de sa blouse blanche puis se dirigea vers l'étage qui attirait son attention depuis trop longtemps. Une fois parvenu au bon service à l'aide d'un ascenseur qu'il ne connaissait que trop, il se dirigea vers la bonne chambre après avoir pris soin de vérifier auprès d'une infirmière. Il toqua trois coups puis patienta quelques secondes avant d'entrouvrir la porte. « Althéa ? » Il passa la tête dans l’entrebâillement pour s'assurer qu'il ne dérangeait personne ni la patiente en plein sommeil. Le lit était vide. Et un jeune femme brune se tenait près de la salle de bains, dos à lui. Malgré tout, il put la reconnaître à son pansement puis à son visage. C'était la jeune femme qu'il avait aidé la nuit dernière. La revoir seulement quelques heures après était fort perturbant et c'est presque en bégayant de surprise qu'il la salua : « Oh. Bonjour, Juliet. » Il avait appris son prénom après tandis qu'un policier l'avait interrogée. Il s'avança vers elle et lui adressa un faible sourire poli. Il n'y avait toujours aucune trace d'Althéa pourtant personne ne lui avait dit qu'elle était sortie de sa chambre. « Vous êtes occupées peut-être ? Je peux repasser plus tard ? »

Je constatais que ma remarque faisait rire Althéa, elle ne tarda pas à me répondre. « Voilà pourquoi je t'adore. Non plus sérieusement, tu as totalement raison... Mais prendre une douche avec une inconnue qui a deux mains gauches c'est pas génial donc j'ai essayé d'écourter le moment. » J'hochais de la tête. Elle n'avait pas tort, de mon coté je ne sais pas si je pourrais prendre une douche de la sorte, être aussi impuissante. Je détestais ne pas contrôler les choses et lorsque cela se produisait, je faisais tout pour y remédier le plus rapidement possible. Malheureusement pour moi, il y avait des facettes de mon existence où je n'avais aucun contrôle, aucune marche de manoeuvre. Ce mystérieux maitre chanteur en était la preuve toute faite, voilà une situation dans laquelle j'étais passive, attendant simplement la suite des évènements. C'est ce qui me frustrait le plus, ne pouvoir rien faire et être à la merci de ce monstre, sans défense. Ainsi, je lui répondis « Mouais, je peux comprendre. Cela ne doit pas être très sympathique » Quelques secondes plus tard, une jeune infirmière entra à l'intérieur de la chambre, elle avait l'air plutôt sympathique. Celle-ci annonça à Althéa « Bonjour. Je t'apporte tes cachets, tu dois les prendre une demi-heure avant ton repas et... Je ne te dis pas comment je le sais mais tu vas avoir de la visite. » Je suivais la conversation sans m'y introduire. Althéa déclara « Quoi ? Qui ça ? ». Et l'infirmière répliqua « Tu verras... » avant de sortir de la chambre. Je regardais Althéa, avec une certaine interrogation. Qui allait venir ? D'un ton interloqué, miss Althéa déclara « D'accord, alors là je pense que le ravalement de façade est plus que nécessaire. » Je ne pus m'empêcher de rire, la blonde se leva de son lit pour gagner rapidement la salle de bain. Quant à moi, je restais assise sur le fauteuil, attendant la suite des évènements. De la salle de bain, j'entendis Althéa « Bon sang je suis hideuse. Tu peux m'aider Juliet ? ». Je me levais pour m'approcher de la porte et dire « Bien sur, il n'y a pas de soucis. Bon commençons par tes cheveux, qu'en penses-tu ?